actualités de Ernest Hello sur la Peur

Mais si de la peur en général nous passons à la peur de Jésus-Christ au Jardin des Olives, nous trouverons le silence plus convenable que la parole. Sa passion est une suite d’excès, dont beaucoup nous sont inconnus, dit Angèle de Foligno. Mais ces souffrances, quelque effroyable qu’elles fussent, furent successives, et non simultanées. Dans le développement de la Passion, il ne les portera pas toutes à la fois. Mais au Jardin des Olives, par la vertu de la même épouvante, elles acquirent en lui une perfection plus grande que celle qui allait leur être donnée par la réalité elle-même. Peut-être le crucifiement fut-il senti d’une manière plus terrible au Jardin des Olives que sur la croix. Car sur la croix il fut senti en réalité. Au Jardin des Olives il fut senti en esprit.

La sueur du sang est la parole de cette terreur. En général l’homme n’a pas de sueur de sang. La sueur de sang est une chose en dehors de tout, comme la terreur de Jésus-Christ fut en dehors de tout. Il sentit peser sur lui Dieu en fureur, et il savait ce que c’était que Dieu en fureur.

Il portait la fureur substantielle de Dieu. Il voyait son avenir terrestre, qui était la passion, puis l’avenir des hommes : il voyait leurs crimes, leurs douleurs. Personne ne sait ce qu’il voyait. Personne ne sait ce qu’il sentait. Personne ne sait ce qu’il portait. Personne ne sait de quel frémissement frémissait cette nature humaine qui n’avait d’autre support qu’une Personne divine, et qui se voyait l’objet de la fureur de Dieu.

 

Ernest Hello, Paroles de Dieu, Réflexions sur quelques textes sacrés. Editions Jérome Millon.

Extrait de La Sainte Messe, hier, aujourd’hui et demain, citation de Monsieur Dominique Ponnau, directeur de l’Ecole du Louvre, Conférence donnée au Mans, le 19 septembre 1998.

“Je me souviens. Ce souvenir est pour moi une référence culturelle et humaine quasi de chaque jour. C’était en juin 1985, à Pont-à-Mousson, à la fin du colloque “Musiques dans l’Eglise d’aujourd’hui”. Maurice Fleuret — en paix soit son âme —, le magnifique directeur de la musique et de la danse du ministre Jack Lang, l’ami de Pierre Mauroy, l’homme de gauche, le promoteur aussi éclairé que déterminé de la musique contemporaine, prit la parole. Parole de feu. De supplication ; on peut le dire, puisque lui-même supplia. Je le citerai ad sensum, mais ce mot je ne l’ai jamais oublié : il est de lui. Evoquant ce que la musique occidentale, depuis les origines jusqu’à nos jours, devait à l’Eglise, à la liturgie de l’Eglise, ce que devait à la musique de l’Eglise la musique de Monteverdi, de Bach, de Mozart, de Beethoven, de Stravinski, de Messiaen : tout. A la musique liturgique de l’Eglise, la musique occidentale devait tout, dit-il. Et lui-même, Maurice Fleuret, dans sa propre vie de musicien, à la musique de l’Eglise, que devait-il ? Tout. Il lui devait tout, dit-il. Et cette musique occidentale qui devait tout à l’Eglise, à la liturgie de l’Eglise, que devait-elle au chant grégorien ? Tout, dit-il. Au chant grégorien, toute la musique occidentale, dit-il, devait tout. Mais l’Esprit du chant grégorien, dit-il, cet esprit dont il ne pouvait imaginer qu’il cessât de souffler, où se respirait-il ? Dans la liturgie, dit-il. Et c’est à ce moment qu’il supplia l’Eglise… : Je vous en supplie, s’exclama-t-il, à l’intention des ecclésiastiques présents, ne laissez pas à l’Etat le monopole du chant grégorien. Il est fait pour la liturgie. Et c’est dans la liturgie qu’il faut le pratiquer.”