Oshio Heihachiro, samouraï de la rébellion

Pour bien comprendre les actes d’Oshio Heihachiro, il faut bien comprendre qu’ils sont dictés par un caractère et par une volonté anti-révolutionnaires. Rien dans l’attitude d’Oshio Heihachiro ne souhaite remettre en cause l’ordre établi. Oshio Heichachiro sait le système perfectible, mais aussi fonctionnel. Ce qui rend le système moins performant tient plus aux hommes qu’au système lui-même.

La colère d’Oshio est dirigée vers les hommes, vers ce qui corrompt le système.

Laisser croire qu’un ver dans le fruit est la cause de tous les maux, c’est la philosophie qui a toujours accompagné nos révolutions. Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage…

Il y a une arrogance occidentale qui croit que l’homme est infaillible. Cette arrogance occidentale a constitué et continue de constituer l’essence de son caractère antitraditionnel ; et constitue un terreau toujours meuble pour la volonté derrière la société égalitariste.

Même si les Japonais ont mis à bas des systèmes politiques, cela fut le plus souvent le fait du hasard. Il n’y avait pas de volonté délibérée de s’affranchir d’un système pour en changer et, surtout, pour le remplacer par un autre. Oshio Heihachiro n’échappe pas à cette règle. Bien au contraire, il en fait une règle d’or. En bon samouraï, sa doctrine repose sur l’éthique (le confucianisme est le socle éthique du samouraï). Il vit à une époque où les seigneurs n’ont pas tout à fait disparu, remplacés par les politiques (dont quelquefois ils descendent). Cependant, Oshio sait qu’il ne doit pas allégeance à ces nouveaux seigneurs. Et ici encore, que certains soient des parvenus n’entre que très peu en ligne de compte. Ce qui est déterminant, c’est que ces seigneurs accèdent à cette place pour diverses raisons, mais qu’ils n’en sont pas dignes que leur comportement n’est pas convenant.

Oshio n’a pas la volonté de remplacer ces hommes. A contrario, il souhaiterait plus tôt les éduquer en leur montrant leur inconvenance et en espérant que ces hommes changent et se montrent dignes de leur charge. Oshio espère toujours en le coeur de l’homme. Ou plus exactement, en l’esprit, en la morale, en l’éthique de l’homme.

Nous sommes à des années-lumières du caractère occidental fondé sur l’orgueil et l’arrogance. Il m’est toujours difficile de comprendre ce caractère qui pourtant est un peu le mien. La part de métis en moi le mâtine fort heureusement. Cet orgueil et cette arrogance donc, intimement mêlés. Toujours désireux d’expliquer le monde au monde.

Oshio tentera sa révolte. Un peu précipité par les événements et les trahisons. Certains de ses compagnons ne le comprendront pas. Oshio savait que la compréhension était en option. Il y a un temps pour le discours et un temps pour l’action. « Agi l’acte à agir et ne te souci pas des fruits de l’acte » dit le Bhagavad-Gîtâ. La philosophie Yomei de Oshio paraphrasant le livre fondateur de l’Hindouisme en instituant que le savoir sans action revient à ne rien savoir.

Pour faire la révolution, Oshio aurait dû passer des accords avec des gens qu’il exécrait. Il aurait dû travestir sa pensée. Trahir son éthique. La rébellion allait mieux à son rôle et son caractère. Cette quête de pureté lui aura coûté la victoire.

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